Introduction
La dette des pays africains est l’objet de préoccupation en Afrique et sur le plan international. Il y a quelques semaines, une Coalition d’anciens chefs d’Etat africains a été formée en Afrique du Sud dont la mission est de plaider pour l’annulation ou un meilleur traitement de la dette africaine par les créanciers. Au Sénégal, les chiffres dévoilés par la Cour des comptes ont montré que le ratio de l’encours de la dette publique à la fin de 2023 équivalait à presque 100% du produit intérieur brut (PIB). Du coup, la note souveraine du pays a été dégradée par des agences de notations occidentales, avec comme conséquence un coût plus élevé pour les futures émissions d’eurobonds.
Quels sont les facteurs explicatifs de l’endettement des pays africains ? Quelles sont les raisons derrière les « inquiètes » que suscite la dette extérieure du continent africain ? Quelles solutions au problème de la dette africaine ?
I) Les facteurs explicatifs de l’endettement
Plusieurs facteurs expliquent le recours des pays africains aux emprunts extérieurs. Parmi ces facteurs, on peut citer :
L’accumulation de déficits budgétaires de l’Etat central et de ses démembrements
L’accumulation de déficits par les entreprises du secteur public et parapublic
Le financement limité ou refus de financement des déficits budgétaires par la Banque centrale
Le déficit du commerce extérieur, qui se traduit par la baisse des recettes en devises
Le besoin de financement de projets d’infrastructures (autoroutes, hôpitaux, ponts, etc.)
Cette liste n’est pas exhaustive
II) Pourquoi la dette publique devient-elle un problème ?
La dette d’un pays n’est pas mauvaise en soi. Tous les pays, à quelques exceptions près, s’endettent. Mais cela dépend de la devise dans laquelle un pays s’endette et de sa capacité à rembourser sa dette sans nuire à son développement. Quand un pays s’endette dans sa propre monnaie, comme le font la plupart des pays dits développés, cela pose moins de problème pour le pays en question.
Par contre, les pays africains et la plupart des pays du Sud s’endettent dans des monnaies étrangères (dollar, euro, etc.) et doivent rembourser dans ces mêmes devises. Or celles-ci proviennent principalement des recettes d’exportations. Donc, la dette publique devient un problème pour les pays africains quand le service de la dette (remboursement annuel du principal et paiement des intérêts) risque d’absorber une grande partie des recettes d’exportations au détriment d’autres dépenses. Le problème devient plus grave quand le service de la dette dépasse les dépenses consacrées à des secteurs vitaux, comme l’éducation et la santé.
Selon les Nations-Unies, en 2021, les gouvernements des pays africains les moins avancés (PMA) avaient consacré 4,8 % de leur produit intérieur brut (PIB) au service de la dette, contre 2,6 % pour la santé et 4,8 % pour l'éducation.
Pour alerter les pays sur leur capacité à rembourser leur dette, on utilise des ratios, comme le ratio dette sur le produit intérieur brut (PIB) et le ratio service de la dette sur recettes d’exportations. Si ces ratios dépassent un certain seuil, on tire la sonnette d’alarme et on dit que leur dette n’est pas « soutenable ». Par exemple, l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) a fixé un ratio de dette sur PIB de 70%. Mais le Sénégal et d’autres pays ont dépassé ce ratio. C’est pourquoi des critiques s’interrogent sur la pertinence de ces ratios.
Mais un autre facteur qui pose des risques à la soutenabilité de la dette extérieure africaine est la part croissante de la dette commerciale. Selon l’agence ECOFIN, les créanciers privés détiennent actuellement 43% de l’encours total de la dette extérieure du continent africain contre 34% pour les créanciers multilatéraux (BAD, Banque mondiale, FMI, etc.) et 23% pour les créanciers bilatéraux. Or les intérêts sur la dette commerciale sont généralement plus élevés que ceux sur la dette publique. En outre, en cas de difficultés de remboursement, les créanciers privés refusent de différer ce remboursement, ce qui met les pays dans des situations difficiles.
III) Quelles solutions au problème de la dette extérieure de l’Afrique ?
Cette question récurrente a fait l’objet de nombreux débats, au cours desquels plusieurs pistes ont été évoquées. Parmi celles-ci, on peut citer, entre autres :
L’annulation partielle ou totale de la dette publique bilatérale et/ou multilatérale
La priorité aux emprunts publics, notamment ceux à taux concessionnels
Une meilleure mobilisation des ressources internes
Une lutte plus efficace contre les fraudes fiscales et les flux financiers illicites
Les pistes ci-dessus peuvent-elles conduire à une solution durable de la dette africaine ? Quel rôle l’endettement extérieur joue-t-il dans le financement du développement de l’Afrique?
Ces questions et d’autres seront au cœur des débats de cette séance
Agenda
10:00-10:30 : Accueil des participantes/participants
10 :30-10 :45:Mots de bienvenue
10 :45-11:00: Introduction du sujet
11:00-12:.00: Interventions des panélistes
12:00-13:00 : Débats
13:00-13:30 : Résumé & conclusion






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